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Quel est le point commun entre un influenceur, un chauffeur VTC et un Custom Success Manager ? Tous exercent un métier qui n’existait pas il y a encore quelques années, ayant été rendus possibles par l’essor des intelligences artificielles et des algorithmes. Intégrées au cœur de nos vies quotidiennes – que ce soit en utilisant les outils de géolocalisation en ligne ou les chatbots de nos enseignes préférées –, ces briques technologiques suscitent de nombreuses interrogations y compris dans le champ du recrutement et des ressources humaines.

Autant de problématiques abordées lors du Talent Connect 2024 en France, à l’occasion d’un atelier dédié autour de Camille Imbert (Principal Customer Success Manager chez LinkedIn) et Nicolas Serva (Global Director Talent Acquisition chez Aircall).

Des impacts multiples de l’IA dans le monde du travail

Le lancement « en grande pompe » de ChatGPT, en novembre 2022, a définitivement marqué les mémoires. Le terme d’intelligence artificielle générative s’est depuis lors imposé dans les conversations, pour désigner cette capacité à générer de nouvelles données et à « créer » de manière autonome. Les usages « privés » de ces technologies, pour parodier la voix d’une célébrité ou générer un discours de témoin de mariage à moindre effort, ont rapidement été suivis d’applications concrètes pour alléger les tâches relatives à la sphère professionnelle.

En particulier, l’IA générative s’accompagne d’opportunités sans précédent pour les professionnels des RH – à commencer par les recruteurs. 90 % d’entre eux estiment que l’IA leur permettra d’embrasser un rôle plus stratégique et plus intimement relié aux enjeux business. De même, ils sont 80 % à considérer que l’accès à l’IA générative les aidera à se consacrer sur les aspects les plus humains de leur mission.

Cette approche optimiste est appuyée par trois convictions. La première est que l’IA va faire gagner beaucoup de temps aux recruteurs, en automatisant des tâches laborieuses et rébarbatives. La seconde est qu’elle facilite la mise en place d’une approche du recrutement fondée sur les compétences, plutôt que sur un CV ou un diplôme. Ce point est d’importance, puisque les recruteurs privilégiant les compétences sont en mesure de puiser dans un vivier de talents jusqu’à dix fois plus conséquent. La troisième conviction, enfin, est que l’IA va conduire les recruteurs à s’appuyer davantage sur leurs soft skills, en lien avec leurs qualités en matière de communication et d’empathie.

Plusieurs fonctionnalités ont en ce sens été intégrées aux offres et solutions LinkedIn. L’IA permet ainsi de formuler des suggestions de candidats plus pertinentes, de simplifier les prises de contact et d’enrichir le partage d’insights. Un assistant intelligent a, par exemple, été déployé pour guider les utilisateurs de la plateforme dans la construction de leur profil. Cet outil formule des recommandations, sur la base des informations déjà renseignées par l’utilisateur et sur les bonnes pratiques identifiées ailleurs, afin de résumer une carrière et mieux mettre en avant ses accomplissements. L’IA poursuit ici un double objectif de praticité et d’efficacité. «Le recruteur va pouvoir se concentrer sur tout ce que la machine ne peut pas faire, c’est-à-dire échanger, convaincre, influencer et optimiser l’expérience du candidat. C’est cette différence qui permettra de faire pencher la balance dans un sens plutôt qu’un autre. » – Camille Imbert (LinkedIn).

Une approche « test and learn »

Nicolas Serva a, dès le départ, cherché à intégrer l’IA dans les réflexions RH d’Aircall. La logique adoptée a été celle de l’itération par petits pas et du « test and learn », en commençant par indiquer aux collaborateurs ce qu’il ne fallait pas faire : communiquer des informations stratégiques à une IA générative comme des plans marketing, notamment. Plutôt que d’interdire le recours à une IA, il a donc plutôt été question d’accompagner les collaborateurs dans l’appréhension de cet outil en partageant des bonnes pratiques. Le changement à opérer est, d’une certaine manière, davantage culturel que technologique.

L’étape suivante est celle de la formation, de nombreux contenus étant disponibles sur LinkedIn Learning. La notion de compétences est une nouvelle fois centrale, celles afférentes à l’IA devenant essentielles dans l’exercice du métier de recruteur. Cette quête de compétences à la fois « soft » et « hard » en matière d’IA se situe désormais en haut de la pile des actions stratégiques RH à mener.