La mobilité interne, une réponse aux enjeux de rétention et d’allocation des compétences
Les données LinkedIn révèlent que les collaborateurs, lorsqu’ils sont demandeurs d’une mobilité, sont plus enclins à quitter leur entreprise qu’à évoluer en interne. La France est plutôt un mauvais élève à cet égard : les salariés y ont quinze fois plus de chances de quitter leur entreprise que d’attendre une mobilité interne pour évoluer. Si le sujet n’est pas nouveau – la France ayant été précurseuse s’agissant de la « Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences » (GPEC) –, il mérite d’être réinvesti à l’aune des nouveaux enjeux du monde du travail.
Cette thématique a été abordée lors d’une conférence du Talent Connect 2024 en France, par Jérémy Batilliot (Senior Account Director chez LinkedIn) et Tiphaine David Le Mahier (Responsable du pôle transformations RH du groupe Crédit agricole).
Un levier de premier ordre dans un contexte de pénurie des talents
La mobilité interne peut apporter une grande valeur ajoutée aux équipes RH et débloquer un certain nombre de situations, pour lesquelles le recrutement externe est rendu difficile par les tensions observées sur le marché de l’emploi. 75 % des professionnels des RH estiment ainsi que la mobilité interne fait partie des éléments les plus susceptibles de modifier, à horizon cinq ans, l’avenir du recrutement. Les recruteurs ont en effet tout intérêt à identifier des « pépites » en interne, avant de les rechercher à l’extérieur de l’entreprise.
Cette approche a le mérite de favoriser la rétention des collaborateurs, puisque la mobilité interne tend à faire rester les employés en moyenne 62 % plus longtemps dans l’entreprise. Cela répond aux attentes exprimées par les collaborateurs, qui sentent leur parcours valorisé avec la conviction, possiblement, de pouvoir être recruté « plusieurs fois » par une même entité. Par extension, la mobilité interne constitue aussi un facteur d’attractivité pour les candidats externes. Cela nécessite de casser les silos existants, notamment entre l’acquisition des talents et la formation. Des interactions fortes doivent être établies entre ces deux composantes, sans quoi les processus de mobilité interne ne pourront être pleinement fonctionnels. Cela exige que des objectifs communs soient déterminés entre les équipes.
La conviction de LinkedIn, sur cette question, a été de ne pas rajouter un outil RH supplémentaire sur une somme déjà conséquente d’instruments au service des professionnels du secteur. La volonté a plutôt été celle d’optimiser les fonctionnalités de ce qui existe – à savoir LinkedIn Recruiter, LinkedIn Learning et LinkedIn Talent Insights – de sorte à jeter des passerelles et construire les intégrations pertinentes.
« La France est quand même le pays de la GPEC ! Cela fait un certain temps que le sujet est censé avoir été couvert et re-couvert par la fonction RH, et pourtant ce n’est pas tout à fait le cas. Il est temps de redécouvrir la mobilité interne et de voir à quel point elle peut être utile pour les entreprises. » – Jérémy Batilliot (LinkedIn)
LinkedIn Learning peut ainsi à la fois être la plateforme de développement des compétences dont les collaborateurs ont besoin immédiatement, et celle au travers de laquelle ils peuvent exprimer des souhaits d’évolution de carrière. LinkedIn Recruiter peut servir, pour sa part, à la création d’un même vivier de talents à suivre en interne qu’à l’externe, pour les identifier et interagir avec eux de la même manière qu’avec un profil extérieur. Charge enfin à LinkedIn Talent Insights de prodiguer les données de marché nécessaires à des prises de décision éclairées en matière de recrutement, interne comme externe.
Une composante clé de la transformation des entreprises
La mobilité interne peut être un élément important des processus de transformation des organisations. C’est le cas au sein du Crédit agricole, au travers du « projet humain » porté par le groupe et dont les contours ont été présentés par Tiphaine David Le Mahier. Le terme de mobilité a été abandonné, pour investir celui de trajectoire professionnelle personnalisée. L’idée est de pouvoir être à l’écoute des rêves de chaque collaborateur, afin d’adapter les parcours professionnels et permettre à chacun de révéler tout son potentiel.
On ne parle plus de mobilité à l’intérieur du groupe. Ce terme a tendance à cloisonner la formation et le recrutement chacun de son côté, alors qu’au bout du compte on parle d’un seul et même collaborateur. Il faut qu’on arrive à lui donner une trajectoire, une perspective.
Groupe Crédit Agricole
Plusieurs phases structurent le déploiement de ces trajectoires. Il y a d’abord l’acculturation au groupe, qui consiste à connaître ce que fait son « voisin » – un enjeu de taille pour un groupe de 75 000 collaborateurs, voire 140 000 en y ajoutant les caisses régionales. Il est question ensuite de formation, prérequis à la mobilité qu’elle soit nécessaire ou non. Ces formations peuvent être imaginées à partir d’un format standard, tout en étant suffisamment souples pour s’adapter aux spécificités de chaque pays.
Enfin, la dimension expérience et immersion est importante. Les dispositifs immersifs peuvent prendre la forme de mises à disposition ou de missions ponctuelles. De façon similaire, le Crédit agricole a déployé un dispositif qui permet de découvrir le travail d’un autre collaborateur pendant un à trois mois. Le mécénat représente aussi un levier, de plus courte durée, permettant d’additionner certaines compétences. La force du collectif et du réseau professionnel permet à chacun de mobiliser des instruments différents, à l’image de la diversité des parcours d’un collaborateur à un autre.
Cette notion de trajectoire professionnelle permet à la fois de faire émerger de nouveaux métiers, de fidéliser les employés et d’améliorer la marque employeur. Cela suppose la mise en œuvre d’un storytelling partagé, afin de dépasser les barrières de la langue et de la multiplicité des réglementations en vigueur à l’international. L’outil technologique ne doit pas être perçu comme la solution à proprement parler, mais plutôt comme un accélérateur du travail de fond mené sur le sens et l’utilité de la transformation à conduire.
Il n'est pas rare d'avoir chez nous un collaborateur qui commence comme conseiller clientèle et qui finit à la direction générale du Crédit agricole. Ce sont des parcours qui existent, qu'il faut savoir construire. C’est un challenge.
Groupe Crédit Agricole
Jérémy Batilliot
Directeur Grands comptes
LinkedIn Talent Solutions
Jérémy Batilliot
Directeur Grands comptes
LinkedIn Talent Solutions
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